16 juin 2020

Le Livre - Demain je m'en vais, je meurs de Muetse-Destinée Mboga

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Cela fait un moment que je n'ai pas parlé de littérature ici. Je me rattrape aujourd'hui avec mon dernier livre de canapé et de chevet pendant le confinement: 
"Demain je m'en vais, je meurs" de Muetse-Destinée Mboga, une jeune écrivaine Gabonaise.


Demain Je m'en vais, Je meurs: 4e de couverture


"Demain, je m’en vais, je meurs est le premier ouvrage en prose de Muetse-Destinée Mboga. Ce recueil de nouvelles est une plongée dans l’humain. L’alcoolisme, le deuil, la démence, les échecs et passions amoureux, l’ingratitude crue sont autant de sujets que l’auteure aborde avec poigne. Mais cette œuvre n’est rien sans ses personnages attachants, ses femmes fortes et résilientes. Assurément, le lecteur appréciera cette œuvre qui porte sa part autobiographique à travers la nouvelle éponyme. En offrant une nouvelle supplémentaire pour cette réédition, l’auteure répond à l’engouement suscité par l’œuvre depuis sa première parution en 2014."
(source Amazon)

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Demain Je m'en vais, Je meurs: Ma revue


Il y a ce quelque chose de particulier quand on lit un roman qui parle de ce qu'on a connu, que ce soit par le souvenir d'ambiances, de noms, de lieux ou de situations qu'on a soi-même vécues ou qu'on a vu d'autres vivre. 
C'est ce que j'ai ressenti tout au long de ma lecture de Demain je m'en vais, je meurs. Le fait de le lire en étant en France m'a téléportée directement au Gabon avec l'impression d'être comme une petite souris témoin des événements relatés. Je ne sais pas comment vous l'expliquer. Prenez-le comme vous pouvez.

J'ai lu ce recueil en écrivant des notes que je vous partage ici sur 3 nouvelles.

ATTILA


Boukila, un jeune homme de Port-Gentil plutôt posé, généreux et responsable, s'est donné littéralement cœur et âme à la belle Attila qui n'en a rien à faire de lui. Il se contente du peu d'attention, des miettes qu'elle veut bien lui laisser. Attila a fait le choix de la vie dorée en 2e épouse d'un député de Port-Gentil plutôt que l'amour dévoué de Boukila mais elle n'hésite pas à revenir vers lui au moindre problème. Pendant toute la lecture, j'étais excédée par la faiblesse de Boukila. Oui à ce niveau, ce n'est plus de l'amour, c'est de la faiblesse. 
"En un sourire, en un battement de cils, elle changeait le sens de rotation de la terre autour de moi"

Le bouquet final de cette histoire est à la fois tragique et ahurissant. 
Cette nouvelle parle du drame des avortements clandestins, du poids de la tradition qui impose des actes parfois totalement irrationnels, du syndrome du sauveur qui peut être tellement destructeur car on ne peut sauver quelqu'un contre son gré.

DIOLA


Diola est une jeune femme simple vivant à Ndendé. Elle rencontre Paul, le nouveau jeune trésorier fraîchement arrivé de la capitale.
Après deux ans d'idylle et un mariage coutumier, elle se rend compte en arrivant à Libreville que le cauchemar ne fait que commencer pour elle car le bon monsieur a omis de lui dire qu'il avait déjà une première épouse (je me suis notée de faire des recherches sur la tradition Obali). Pendant toute l'histoire, Diola se demande "Quelle est ma place?" comme un refrain.

Cette nouvelle parle de la guerre plus ou moins froide d'un foyer polygamique et toutes les conséquences désastreuses qu'il entraîne, de la toxicité d'un mari pervers-narcissique, du "qu'en-dira-t-on ?" qui gâche des vies, de la stigmatisation des femmes stériles, de la douleur de perdre l'amour de sa vie.
Mes propres larmes ne suffisaient plus à laver la douleur de mon cœur, mon propre cœur ne contenait plus l'espace qu'occupait son absence, en quelque sorte je mourrais avec Paul, une partie de ma vie, si ce n'est toute ma vie, était dans ce cercueil.
Les rituels imposés à la Veuve sont parfois humiliants à bien des égards. Dans l'histoire, Diola n'a pas le droit de bouger sous le pagne noir qui la recouvre et pourtant elle doit prouver qu'elle est totalement anéantie. Je trouve ça totalement indécent. Cette nouvelle me rappelle un peu le récit de Ramatoulaye dans Une si Longue Lettre de Mariama Bâ.
Le plus dur ce n'est pas le deuil mais tout ce qui vient après, dit-on. Toutes les démonstrations de douleur de la famille du mari sont vite remballées une fois qu'il s'agit de spoiler la Veuve et l'Orphelin.

Cette nouvelle nous montre une fois de plus que l'amour, aussi fort soit-il, ne suffit pas quand une relation est basée sur la trahison et le mensonge. La famille est le terrain de toutes les frictions, des bonheurs oui, mais surtout des guerres et montagnes russes d'émotions contradictoires. Je pense sincèrement qu'on a tous besoin de déverser toute cette charge émotionnelle un jour, devant un psy pour certains, devant Dieu pour d'autres, devant les 2 parfois au mieux.


LA FEMME DU BLANC


Elsie est une jeune femme de Libreville dans le besoin qui a cru au mythe du Blanc. La vie n'ayant rien à lui offrir selon elle, elle a décidé de tout faire pour sortir avec un Blanc afin de pouvoir quitter le Gabon et vivre enfin la vie de ses rêves en France.

Moi je n'avais pas fini mes études, disons que je les avais à peine commencées, je n'avais aucun talent pour réussir par l'art et aucun sens des affaires... Mais j'étais belle, convoitée par les hommes encore plus depuis que Maman Etoile me faisait des bains... alors je comptais bien m'en servir !

Cette nouvelle raconte le mythe du Blanc qui sait mieux aimer que le Noir, le mythe de la France où tout est possible alors que beaucoup après moultes déconvenues finissent par y rester souffrir à cause de la honte et du "qu'en dira-t-on ?" au risque de sacrifier leur humanité. J'ai trouvé cette nouvelle particulièrement écœurante.  

La dernière nouvelle DEMAIN JE M'EN VAIS JE MEURS est beaucoup trop forte en émotions pour que j'en parle longuement ici. Je vous laisse la découvrir.
Pour ma part, je dirais qu'elle a posé des mots sur ma peur ultime: le décès de mon père. 
On n'est jamais complètement prêt même si on sait que ce jour arrivera...

Si vous l'avez déjà lu, dites-moi ce que vous en avez pensé en commentaires.


Besos !

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