23 mai 2021

Livre - Walaande de Djaïli Amadou Amal

Blog Afro - Littérature Afro : Walaande L'art de partager un mari de Djaïli Amadou Amal

La revue du jour porte sur le roman dont le titre a chauffé mon sang:
"WALAANDE L'art de partager un mari" de l'autrice Camerounaise Djaïli Amadou Amal.


Walaande L'art de partager un mari de Djaïli Amadou Amal - 4e de couverture.



"Nous passons notre vie à souffrir ! Souffrir pour faire plaisir à nos pères, puis à nos maris, puis à nos enfants. Nous passons notre vie à penser aux autres quand personne ne pense jamais à nous. Nous passons notre vie pour les autres car en réalité nous n'avons même pas de vie.

Oui c'est pathétique. Un seul mot pour lui à prononcer : je te répudie, et l'on se rend soudain compte que l'on n'a même pas un chez-soi. On a beau construire ensemble, tout est à lui. Nous ne sommes rien, nous ne valons rien, nous n'avons rien..."

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Walaande L'art de partager un mari de Djaïli Amadou Amal - Ma revue.



- Parenthèse Ouverte -

C'est Chouchou Mpacko, dans sa promotion Tous Azimuts du Cameroun,  qui m'a chaudement conseillée de lire tous les romans de Djaïli Amadou Amal. J'ai donc acheté 2 de ses romans lors de mon séjour au Cameroun et j'ai bien fait de profiter de l'occasion car les romans de Djaïli Amadou Amal ne sont pas disponibles sur mes plateformes habituelles d'achat en ligne.

Je crois qu'à chaque voyage en Afrique, j'achèterai au moins un roman d'un auteur/d'une autrice du pays visité pour enrichir ma bibliothèque Littérature Afro

- Parenthèse Fermée -

Le roman décrit une cour commune de co-épouses, d'enfants et de courtisans gravitant autour de l'astre solaire qu'est  le mari, Alhadji Oumarou. Le roman est divisé en chapîtres mettant le focus sur les protagonistes principaux : les différents co-épouses Aïssatou, Djaïli, Nafissatou et Sakina, le mari et les enfants. 

Walaande L'art de partager un mari. Le seul titre du roman m'a mise en mode Ring. J'avais envie de serrer des cous à chaque chapître, notamment parce que je sais que ce n'est pas de la fiction. Ce sont des morceaux de vies réelles que Djaïli Amadou Amal a eu le courage de raconter.

Au programme : mariage précoce forcé, polygamie, violences physiques et psychologiques, éducation et émancipation de la femme dans une société traditionnaliste, prison dorée et répudiation, conflits de générations, droits des enfants...

Oui l'envie de me battre à la seule pensée de partager mon mari est descendue dans mes veines comme une cascade. Comme je le disais à une abonnée Instagram quand j'ai posté la photo du roman en début de lecture, il se pourrait que j'empoisonne ledit mari ainsi, il n'y aura plus rien à partager. N'allez pas donner mon nom à la police svp. 

Je ne suis pas une parfaite oie blanche en ce qui concerne la polygamie. Au Gabon, la polygamie est autorisée par la loi. J'ai un oncle qui a célébré son mariage civil avec ses 2 épouses, une à chaque bras. On ne compte pas le nombre de foyers polygamiques qui ne sont pas passés à la Mairie.

Seulement, Djaïli Amadou Amal a ouvert un tout autre champ des possibles pour moi avec cette notion "d'art de partager" constitué de règles établies et claires dans le fonctionnement au jour le jour d'un foyer polygamique dans la société Peule du Nord-Cameroun. 

Ce roman a soulevé tant de questions pour moi. si vous avez les réponses, n'hésitez pas à éclairer ma lanterne en commentaire de cet article svp.

"Je suis amoureuse de lui ! "

Le personnage de Sakina m'a beaucoup intriguée. L'amour rend-il stupide au point d'accepter un mariage polygamique ? C'est vraiment la question que je me suis posée. Je me la suis posée, pas dans le but de juger de manière condescendante le choix de Sakina mais vraiment pour me demander si la femme émancipée que je suis aujourd'hui serait prête à accepter de venir rentrer dans un nid de serpents mariage polygamique au rang de 4e épouse.

Quelle confiance accorder à l'homme qui me dirait "Je ne peux pas accepter que tu continues de travailler" ? 
C'est phrase seule est déjà une grosse alerte rouge pour moi parce que je pars du principe qu'un homme polygame est forcément injuste et malhonnête s'il pense pouvoir prendre soin de plusieurs épouses.
Alors que valent ses promesses de largesses financières ? Des écrans de fumée au dépend de la réelle autonomie des épouses dans un mariage où elles peuvent se faire répudier à tout moment.

Selon ce que j'ai lu et entendu, 1 homme pourrait avoir 4 femmes à condition d'être juste envers chacune et envers leurs enfants.
Le chiffre maximal de 4 est basé sur quoi exactement ? Une fois qu'on en a 4 pourquoi pas 5 ? Enfin, on sait tous que l'être humain peut se montrer insatiable. 

Mais admettons qu'il puisse avoir 4 épouses. Honnêtement est-ce vraiment possible pour lui d'être juste ? 
Je ne parle pas de justice matérielle avec une maison identique et le même montant de popotte pour chacune, il suffit d'être riche pour y arriver.
Je parle de pouvoir répliquer une sorte de justice affective. C'est déjà impossible avec ses propres enfants: en dépit de ce que disent les parents, il y a toujours un préféré et les enfants le savent bien. Mais alors entre différentes co-épouses ayant chacune leur caractère, leur personnalité, leurs défauts, leurs qualités, leurs insécurités, leurs besoins de s'affirmer et gagner le coeur de leur mari ? Hum.

Il est aussi intéressant de voir les rapports entre les co-épouses : la mère de la concession, la peste, la fragile, la féministe. Toutes sont enfermées dans ce cauchemar qui dure depuis des années où chacune vit ce drame à sa façon. Il est aussi intéressant de lire les conseils de leurs propres mères.

"Tiens-toi à l'écart de leurs problèmes! conseilla la mère. Comme je te l'ai conseillé à ton mariage, quand tu entres dans une famille polygamique, tu dois être aveugle et sourde. Que tes yeux ne voient rien, tes oreilles n'entendent rien, ta bouche ne dise rien."

Djaïli Amadou Amal taille une critique acerbe à ces hommes Peuls, emprisonnés dans le Pulaaku (faire bonne figure jusqu'à la mort), agissant comme des petits dieux remplis de contradictions qui refusent que leurs filles fassent des études mais veulent des femmes médecins pour soigner leurs épouses. 
On peut étendre la critique à tous les hommes de toutes les origines qui partagent des convictions similaires. Je lis tous les jours de ces absurdités sur Twitter...

"Les traditions ne sont pas faites contre l'homme, mais pour l'Homme et pour la vie."
 
La fin du roman est à la fois tragique et revigorante avec une note d'espoir pour la génération suivante.

Vous l'aurez compris, c'est un roman dur mais il a sa place sur mon étagère car c'est un cri strident de la liberté et du féminisme africain.


Si vous l'avez déjà lu, dites-moi ce que vous en avez pensé en commentaires.


Besos !

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3 commentaires :

  1. J'ai lu "les impatientes" de la même autrice, sur le même sujet, et j'ai tellement aimé! ne serait-ce pas le même livre réécrit?

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  2. Bonsoir à vous je cherche à acquérir le livre pourriez-vous m’aider svp

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